La popularité du vélo comme mode de transport utilitaire (p. ex. se rendre au travail ou faire ses courses) est de plus en plus évidente. Selon une enquête de Vélo Québec menée en 2020, 4,5 millions de Québécois font du vélo, ce qui représente 250 000 personnes de plus qu’en 2015 (Vélo Québec, 2021). Cependant, plus la distance à parcourir est grande, moins les gens sont intéressés à utiliser leur vélo pour se déplacer, comme c’est souvent le cas dans des régions comme la Gaspésie. Il est pourtant dans notre intérêt de faire la promotion de l’utilisation du vélo sur de telles distances, car les avantages environnementaux, socioéconomiques et au niveau de la santé sont de taille. En effet, le vélo permet de contrer la sédentarité et aide à prévenir bon nombre de maladies chroniques, il n’émet pas de gaz à effet de serre et il permet de réduire les dépenses liées au transport, qui correspondent à 18,4 % des dépenses des ménages québécois (Vélo Québec, 2022). Comment est-il possible pour les autorités gouvernementales et les municipalités d’encourager le cyclisme utilitaire de longue distance ? Certains facteurs internes motivent les cyclistes, tandis que des facteurs externes facilitent leurs déplacements. Les prochains paragraphes visent à répondre à cette question en résumant l’article Facilitating bicycle commuting beyond short distances : insights from existing literature, publié dans le journal Transport Reviews en 2022.
Résumé de l’article scientifique
Premièrement, la perspective du cycliste et ses habitudes sont importantes dans son choix de faire de longues distances ou non. Évidemment, la perception du cycliste au niveau des avantages et inconvénients du vélo joue un rôle dans sa motivation. La flexibilité, le confort et l’économie de temps et d’argent offerts par le transport à vélo sont souvent mentionnés. Il y a aussi un certain apport de calme et de plaisir, et l’amélioration de la condition physique qui sont des facteurs motivants pour quiconque souhaitant se déplacer sur de longues distances à vélo. Au contraire, l’impression d’insécurité est un dissuasif majeur. La peur du crime et le manque d’infrastructures de cyclisme sécuritaires découragent les cyclistes à entreprendre de longs déplacements. De plus, il est prouvé qu’être habitué à utiliser un vélo fréquemment rend le choix de voyager sur une longue distance plus facile. Commencer le vélo en bas âge ou pratiquer ce sport durant pendant plusieurs années offre aux cyclistes les aptitudes nécessaires aux déplacements de longue distance. Ces aptitudes ne se limitent pas aux capacités physiques des cyclistes, mais également à l’habileté à planifier un trajet, à tenir compte de la météo et à l’entretien de son équipement. Finalement, la présence de récompenses tangibles, notamment basées sur le nombre de kilomètres parcourus, peut encourager les cyclistes.
Ensuite, il existe plusieurs facteurs externes qui influencent la réalisation de longs déplacements à vélo. Plusieurs obstacles se dressent devant les cyclistes, notamment l’effort physique, le manque de stationnement et de sécurité, l’absence d’infrastructures appropriées, et plus encore. De ce fait, la météo est un facteur primordial, car les cyclistes sont exposés aux conditions météorologiques et prennent souvent la décision d’utiliser leur vélo en fonction de celles-ci. La pluie, de forts vents et les conditions saisonnières telles que la neige sont de forts dissuasifs, autant parce qu’ils diminuent le confort et le plaisir attaché au vélo, mais aussi parce qu’ils augmentent les risques d’accident. Ensuite, les infrastructures telles que les pistes cyclables contribuent grandement à augmenter la faisabilité de longs déplacements. C’est la même chose pour des routes équipées d’une voie réservée aux vélos ou qui ne comptent pas trop d’intersections et de congestion, puisque cela nuit à l’élan du cycliste. En ce sens, la conception d’intersections où le cycliste a la priorité permettrait de remédier partiellement à la situation.
D’ailleurs, l’autoroute cyclable, ou piste cyclable rapide, permet d’augmenter la vitesse et la sécurité des utilisateurs, puisqu’il s’agit d’une piste cyclable protégée avec peu d’intersections, dédiée aux déplacements de longue distance. Dans ces conditions, le vélo devient véritablement compétitif avec la voiture en raison de la vitesse augmentée des cyclistes. De plus, la présence d’installations destinées aux cyclistes à leur lieu de travail, comme des douches et des porte-vélos, facilite l’adoption de ce mode de transport pour de longs déplacements.
Le vélo électrique
Le vélo électrique est une option non négligeable lorsqu’il est question de longue distance. Dans les pays possédant une culture du vélo très présente, plus de la moitié des déplacements utilitaires à vélo électrique sont de 5 km et plus, contre seulement le tiers pour les vélos traditionnels. Le vélo électrique est une alternative santé, propre et compétitive à la voiture qui permet de surmonter les barrières physiques et topographiques. Ainsi, les longs déplacements ne sont plus réservés aux athlètes et habitués du vélo, puisque l’effort physique déployé est moindre. Le temps de déplacement se voit aussi réduit par la plus grande vitesse atteignable en vélo électrique, ce qui peut être avantageux en milieu rural où les distances sont généralement plus longues et le relief plus marqué. Bien que la voiture et le transport en commun soient parfois plus rapides, le vélo électrique séduit par sa rapidité, sa flexibilité, l’activité physique modérée qu’il offre et l’attrait d’apprécier l’extérieur. Par conséquent, une transition de la voiture vers le vélo électrique est considérablement plus facile à réaliser que lorsqu’il est question d’un vélo traditionnel. Afin d’accélérer la transition socioécologique, certains pays offrent même des incitatifs pour les usagers qui se tournent vers le vélo électrique. En effet, les résidents de la région d’Île-de-France peuvent recevoir jusqu’à 500 euros à l’achat d’un vélo électrique (Région Île-de-France, 2019). Au Québec, aucune aide gouvernementale n’est en place, mais certaines localités ont pris l’initiative. Le District Central, à Montréal, offre une subvention à l’achat de 1500 à 2500 $ en plus du programme d’Indemnité kilométrique vélo, qui offre 40 sous du kilomètre aux participants pour un maximum de 2000 $ (JDV, 2022).
Conclusion
Il est clair que l’utilisation du vélo pour des déplacements utilitaires de longue distance offre des bénéfices importants, autant pour le cycliste que pour la société. Plusieurs problèmes de santé peuvent être prévenus par cette pratique, qui s’avère également être bonne autant pour la planète que pour le portefeuille. La promotion du cyclisme est donc dans notre intérêt et certaines actions peuvent être prises. Au niveau municipal, accorder la priorité aux cyclistes lors de la conception des voies de transport a le potentiel de rendre le vélo plus sécuritaire et, par conséquent, plus intéressant. Même à plus petite échelle, les employeurs peuvent prévoir des installations, telles que des douches et des porte-vélos, qui facilitent et encouragent les employés à pédaler jusqu’au travail. Encourager la population à opter pour ce moyen de transport écologique, économique et amusant est un pas de plus dans la bonne direction.
Écrit par Alice Joncas, stagiaire
Révisé par Johnathan Crépeau, chercheur